Les Montréalais attendent la fin de l'hiver
Montreal, February 2005
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De
La Nuit Des Princes Charmants
écrit par Michel Tremblay
Au lieu de rendre les Montréalais joyeux, ce redoux qui nous était tombé dessus la nuit précédente, à cause de la neige fondue, des trous d'eau, des dangereux glaçons qui se formaient partout, conférait à ce samedi après-midi pourtant ensoleillé un curieux petit goût de drame qui couve, de catastrophe qui mitonne. Personne n'avait envie de courir en hurlant "C'est le printemps! C'est le printemps!", comme au début de mars quand la neige fond vraiment et qu'une promesse de douceur se dessine à l'ouest. Tout le monde sacrait, les pieds gelés, mouillés, les fessiers humides parce que les chutes n'étaient pas rares, et le manteau à moitié ouvert à cause de cette chaleur suspecte qui risquat de cacher plus le virus de la grippe qu'un vrai avant-goût de printemps. On savait que ce n'était qu'un sursis, une journée hypocrite qui pourrait bien se terminer dans la pluie ou dans la rafale et on refusait de se laisser avoir par la moindre petite parcelle d'espoir. Janvier, c'était irrévocable, représenterait toujours le désespoir pour les Montréalais.